Page:Kleist - Contes, t. 2, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/107

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fut en liberté ; elle embrassa tendrement ses enfans, ces chères petites créatures qui lui appartenaient, et ce fut avec une grande satisfaction qu’elle réfléchit à la victoire, que le sentiment intime de son innocence venait de lui faire remporter sur son frère. Sa raison, assez forte pour ne pas se troubler, céda à l’organisation sacrée et obscure du monde. Elle vit l’impossibilité de persuader sa famille de son innocence, comprit qu’elle devait s’en consoler, qu’elle ne devait pas se laisser abattre, et peu de jours s’étaient écoulés depuis son arrivée à la campagne qu’elle choisit pour retraite, que déjà la douleur avait fait place à la courageuse résolution de lutter fièrement avec l’opinion publique. Elle résolut de se renfermer tout-à-fait dans son intérieur, de s’occuper avec un zèle actif de l’éduca-