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Page:Kleist - Contes, t. 2, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/124

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qu’ils étaient tous les deux à déjeûner, madame de Géri lut ce qui suit dans un journal qui venait de paraître :

« Si la marquise d’O… veut se trouver le 3, à 11 heures du matin, dans la maison de M. de Géri son père, celui qu’elle cherche y viendra se jeter à ses pieds. »

Madame de Géri ne put achever cette lecture, la voix lui manqua ; elle passa le journal au commandant. Celui-ci le lut et le relut trois fois, comme s’il ne pouvait en croire ses yeux.

« Au nom du ciel, Lorenzo, dit madame de Géri, que penses-tu de cela ?

— Ô la misérable ! s’écria le commandant en se levant ; ô l’infâme ! L’effronterie d’une chienne sans pudeur et la ruse du plus fin renard réuniraient en vain tout ce qu’ils peuvent composer de pire pour égaler