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Page:Kleist - Contes, t. 2, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/141

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le commandant entra, la figure cachée dans son mouchoir. Madame de Géri lui tournant le dos se plaça devant sa fille.

« Mon père ! s’écria la marquise en tendant les bras vers lui.

— Ne bouge pas de cette place, répéta sa mère ; tu m’entends ! »

Le commandant, debout au milieu de la chambre, versait d’abondantes larmes.

« Il faut qu’il implore son pardon, continua madame de Géri. Pourquoi est-il si vif ? pourquoi est-il si dur ? Je l’aime, mais je t’aime aussi ; je le respecte, mais je te respecte aussi. Et s’il faut prononcer entre vous deux, tu vaux mieux que lui, aussi je demeure avec toi. »

Le commandant, brisé par la douleur, poussait des sanglots et des gémissemens qui retentissaient dans la salle.