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Page:Kleist - Contes, t. 2, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/150

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siége, elle voulut fuir dans une chambre voisine ; mais madame de Géri, lui prenant la main, s’écria : « Juliette ! » et comme oppressée par ses sentimens, la voix lui manqua. Mais bientôt, fixant ses yeux sur le comte, elle répéta : « Juliette, je t’en supplie ; qui donc attendions-nous ?

— Oh ! ce n’était pas lui, » s’écria la marquise en se détournant ; puis elle jeta un regard terrible sur le comte, tandis que la pâleur de la mort couvrait son visage.

Le comte avait posé un genou en terre, la main droite appuyée sur son cœur, la tête doucement inclinée sur sa poitrine ; il regardait fixement devant lui, et se taisait.

« Qui donc, s’écria la commandante avec une voix oppressée, qui donc attendions-nous, si ce n’est lui ? folles que nous sommes ! »