Aller au contenu

Page:Kleist - Contes, t. 2, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

La marquise, les yeux fixés sur lui, demeurait immobile.

« Je deviendrai folle, ma mère, dit-elle enfin.

— Toi folle ! » reprit sa mère ; et approchant, elle lui souffla quelques mots à l’oreille.

La marquise, cachant alors sa tête dans ses mains, se jeta sur le sopha.

« Malheureuse ! s’écria sa mère, que te manque-t-il ? qu’est-il arrivé à quoi tu ne fusses prête ? »

Le comte ne quittait pas sa place aux côtés de la commandante ; toujours à genoux, il tenait le bas de sa robe entre ses mains, et le couvrait de ses baisers.

« Chère marquise, tendre et digne amie ! » murmurait-il ; et des larmes roulaient sur ses joues.

« Levez-vous, levez-vous, monsieur le comte, dit madame de Géri ;