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Page:Kleist - Contes, t. 2, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/168

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planté dans un pilier, lorsque tout-à-coup la plus grande partie de la ville s’abîma avec un bruit tel qu’on eût dit que le firmament s’écroulait, et que tout être vivant périssait enseveli sous ses décombres.

Jeronimo Rugera demeura immobile, plein d’effroi, comme si tout son être eût été brisé ; il se retenait avec force contre ce même pilier qu’il avait peu auparavant voulu rendre témoin et acteur de sa mort. Le terrain tremblait sous ses pieds, tous les murs de sa prison étaient ébranlés, tout le bâtiment menaçait de couvrir la rue de ses ruines, et sa rencontre avec la maison située vis-à-vis, qui tombait dans le même instant, formant une voûte accidentelle, put seule empêcher sa destruction totale.

Jeronimo, tremblant, s’avança d’un pas chancelant vers l’ouverture que