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Page:Kleist - Contes, t. 2, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/179

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perçans, le couvrant de baisers, il ferma sa petite bouche de ses lèvres.

Cependant la nuit la plus belle descendait sur la terre, accompagnée d’une douce rosée, silencieuse et empreinte d’une lueur argentée, telle, en un mot, qu’un poète peut la rêver. De tous côtés, le long du ruisseau qui arrosait la vallée, des hommes se couchaient au clair de la lune, se préparant des lits de mousse et de gazon, pour reposer après un jour si terrible. L’on entendait toujours les gémissemens des malheureux ; l’un regrettait sa maison ; l’autre, sa femme et son enfant ; un troisième avait tout perdu, parens, amis, fortune. Jeronimo et Josepha se retirèrent dans un bosquet près de là pour ne pas être troublés dans leur bonheur par ces plaintes pénibles à entendre. Ils trouvèrent un superbe grenadier dont les branches,