Page:Kleist - Contes, t. 2, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/18

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frontière où il s’était arrêté pour dîner, le jeune homme trouva le moyen de s’introduire auprès de lui et de lui faire part des propositions du prince. Mais le maquignon, qui connaissait maintenant le nom et le rang du seigneur qui s’était trouvé mal à la vue de son amulette et à l’ouïe de son récit, répondit, avec beaucoup de calme, qu’il ne tenait plus à la vie et qu’il préférait garder le billet. « Le prince a pu me faire marcher à l’échafaud, ajouta-t-il, maintenant je puis à mon tour lui causer du chagrin, et j’en jouis. »

L’état du prince, à cette nouvelle, empira tellement, que le médecin desespéra de sauver ses jours. Cependant, grâce à la force de sa constitution, il se trouva au bout de quelques semaines convalescent et en état d’être conduit à Dresde.

Dès qu’il fut arrivé dans sa capitale,