Page:Kleist - Contes, t. 2, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chaque jour, en menaçant le Brandenbourg, rendaient nécessaire et désirable un acte de sévérité contre l’infortuné maquignon.

Le prince, accablé des soucis et du chagrin que lui causait toute cette affaire, tomba de nouveau malade. Le chambellan étant venu le voir, se jeta à ses genoux, et le pria, par tout ce qu’il avait de plus sacré et de plus cher, de lui ouvrir son cœur et de lui confier ce que contenait le billet qu’il désirait tant avoir. L’électeur lui dit de fermer la porte à clef, de s’asseoir sur son lit ; puis, saisissant sa main, qu’il pressa sur son cœur en soupirant, il commença en ces termes :

« Ta femme t’a sûrement déjà raconté que, le troisième jour de ma réunion à Juterbok avec le prince électeur de Brandenbourg, nous y rencontrâmes une prophétesse, et que le