Page:Kleist - Contes, t. 2, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/54

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leur reconnaissance au comte. Mais quel fut leur effroi, lorsqu’ils apprirent que, le jour même de son départ, il avait trouvé la mort dans une rencontre avec l’ennemi ! Le courrier qui apporta cette nouvelle à M… l’avait vu de ses propres yeux, blessé mortellement à la poitrine. Deux hommes ayant voulu le relever, il avait expiré entre leurs bras.

Le commandant se rendit lui-même à la maison de la poste pour obtenir des renseignemens plus détaillés. Il apprit qu’au moment où il avait été frappé sur le champ de bataille, il s’était écrié « Julietta, cette balle t’a vengée. » Puis ses lèvres s’étaient refermées pour toujours. La marquise fut désolée de n’avoir pu se jeter aux pieds de son libérateur. Elle s’en fit des reproches amers. Cette Julietta, qui portait le même nom qu’elle, ex-