Page:Kleist - Contes, t. 2, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/62

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à mort dans la poitrine, je fus transporté à P… où je demeurai plusieurs mois dans mon lit, incertain si je vivrais. Durant tout ce temps, l’image de madame fut constamment présente à ma pensée ; je ne saurais décrire le plaisir et la peine que me causa tour à tour ce souvenir. Après une longue convalescence, je fus enfin rétabli, et je retournai à l’armée. Mais les plus vives inquiétudes m’y suivirent. Plus d’une fois j’ai pris la plume pour vous ouvrir mon cœur ; maintenant je suis envoyé à Naples avec des dépêches ; je ne sais si de là je ne recevrai point l’ordre d’aller jusqu’à Constantinople, et peut-être ensuite de retourner à Saint-Pétersbourg. Cependant il m’a été impossible de vivre plus long-temps sans satisfaire le désir de mon cœur ; je n’ai pu résister à l’envie de faire quelques démarches pour atteindre