Page:Kleist - Contes, t. 2, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/90

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appeler un médecin qui avait toute la confiance de son père, le fit asseoir sur le sopha auprès d’elle, en l’absence de sa mère, et, après une courte introduction, lui avoua, en plaisantant, ce qu’elle pensait de son état. Le médecin jeta sur elle un regard scrutateur ; il se tut, puis, après avoir terminé son examen, il répondit avec un air très-sérieux :

« Vous ne vous trompez pas, madame la marquise.

— Comment l’entendez-vous ? interrompit-elle.

— Vous êtes, reprit le médecin en souriant, dans une parfaite santé, vous n’avez pas besoin des secours de mon art. »

La marquise, saisissant la sonnette et jetant sur le docteur un coup d’œil courroucé, le pria de sortir, en ajoutant à demi voix qu’elle ne se souciait