Page:Kleist - Contes, t. 2, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/96

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Une sage-femme, ma digne mère, répéta la marquise, en se mettant à genoux devant elle, et cela dans l’instant même, si vous ne voulez pas me voir devenir folle.

— Oh ! très-volontiers, reprit la mère ; seulement je te prie de ne pas accoucher dans ma maison. »

Et, en disant ces mots, elle se leva pour sortir. La marquise la suivit en tendant ses bras, tomba la face contre terre, et embrassa ses genoux.

« Si une vie irréprochable, s’écria-t-elle avec l’accent de la douleur, une vie consacrée à vous plaire, me donne quelques droits sur votre estime ; si seulement un sentiment d’amour maternel parle encore pour moi dans votre cœur, ne m’abandonnez pas dans cet instant affreux !

— Qu’est-ce donc qui te trouble ainsi ? lui demanda sa mère. N’est-ce