Page:Kleist - Contes, t. 2, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/97

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que les discours du docteur ? n’est-ce que le sentiment de ton malaise ?

— Ce n’est que cela, ma mère, reprit la marquise en plaçant ses mains sur sa poitrine.

— Absolument que cela, Juliette ? continua sa mère. Réfléchis bien : une faute, quelque douleur qu’elle me causât, peut et doit se pardonner ; mais si, pour éviter une réprimande de ta mère, tu pouvais inventer un conte sur les bouleversemens de l’ordre naturel, et te jouer des sermons les plus sacrés pour le persuader à mon cœur trop crédule, ce serait indigne, et je ne voudrais plus te revoir.

— Puisse l’empire des bienheureux s’ouvrir un jour à moi comme mon âme s’ouvre à la vôtre ! Je ne vous ai rien caché, ma mère. »

Cette exclamation, faite avec désespoir, ébranla madame de Géri.