Page:Kleist - Contes, t. 3, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/14

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la messe, tremblantes et saisies de crainte ; elles n’étaient protégées que par le sacristain septuagénaire, qui gardait les avenues de l’église avec quelques bedeaux armés.

Les nonnes de ce couvent étaient alors renommées pour le tacte, le sentiment et la précision avec lesquels elles jouaient de toutes sortes d’instrumens. L’abbesse avait ordonné que l’on jouât une messe très-remarquable d’un maître italien inconnu, qui avait produit une grande sensation toutes les fois qu’on l’avait exécutée dans quelque solennité. Mais par malheur, la sœur Antonie, qui devait diriger l’orchestre, tomba malade ; elle fit dire à l’abbesse qu’elle ignorait complètement ce qu’était devenue la messe italienne, et qu’il ne fallait point compter sur sa direction pour l’exécution de ce jour.