Page:Kleist - Contes, t. 3, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/151

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compagné des bénédictions du peuple, ravi de sa générosité et de sa modération.

La duchesse, très-satisfaite de ce bonheur inespéré, ne songea plus qu’à s’acquitter de son second devoir de régente, qui était de faire des recherches sur le meurtre du duc, dont toute la suite avait été témoin dans le parc. Elle examina, avec son chancelier, le seigneur Godwin de Heerthal, la flèche qui avait mis fin à la vie de son noble époux. Sans y trouver rien qui pût indiquer son possesseur, ils remarquèrent qu’elle était travaillée avec un luxe et une élégance admirables. Des plumeaux touffus et frisés étaient enchâssés dans un manche de bois de noyer mince et modelé ; le haut bout était revêtu d’un cuivre éclatant, et la pointe, aiguë comme une arête de poisson, brillait