Page:Kleist - Contes, t. 3, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/177

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

justification du soupçon du meurtre de son frère.

Le héraut venait de lire d’une voix éclatante la lettre écrite par les seigneurs de Bréda, et le président du tribunal allait commencer son discours, lorsque Frédéric de Trota, s’approchant de la barrière, demanda, selon le droit commun, à tous les spectateurs impartiaux, à jeter un coup d’œil sur la lettre.

On consentit à son désir, et la lettre lui fut remise, tandis que tous les yeux se tournaient sur lui. Mais à peine l’eût-il regardée, que, la déchirant du haut en bas, il la froissa dans ses mains et la jeta avec son gant au visage du comte Jacob de Rothbart, en déclarant qu’il le tenait pour un infâme menteur, et qu’il était prêt à prouver l’innocence de dame Wittib Littegarde par le jugement de Dieu.