Page:Kleist - Contes, t. 3, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/185

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loir continuer le combat ; mais tandis que sa vue se couvrait de ténèbres et que son corps chancelait, le comte lui enfonça sa flamberge dans le sein. Alors il retomba en abandonnant son épée et son bouclier.

Le comte, tandis que la trompette sonnait la victoire, posa le pied sur la poitrine du chambellan, et dame Héléna suivie de ses filles se précipita dans la lice sur le corps de son cher fils, en présence de toute la foule des spectateurs parmi lesquels s’élevaient des accens de pitié et d’effroi. « Ô mon Frédéric ! » s’écria-t-elle ; puis se tournant vers Littegarde, privée de ses sens et que des archers entraînaient en prison : « Misérable, ajouta-t-elle, tu avais le sentiment de ta faute, et tu as pu souffrir que le plus noble des amis prît les armes pour une cause injuste ! »