Page:Kleist - Contes, t. 3, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/187

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larmes lorsqu’il apprit qu’elle était dans la solitude d’une prison, livrée aux plus affreux désespoir. Caressant ses sœurs avec tendresse, il les pria d’aller la voir et de la consoler.

Dame Hélèna, affligée de ses instances, lui demanda d’oublier cette vile et indigne créature, qui n’avait pas craint d’exposer au jugement de Dieu le seul ami qui lui restât.

« Ah ! ma mère, dit le chambellan, quel est le mortel, eût-il la sagesse de tous les temps, qui puisse expliquer la sentence pleine de mystère que Dieu a prononcée par ce combat ?

— Quoi ! s’écria dame Hélèna ! n’est-elle pas assez claire ? n’as tu pas succombé sous le glaive de ton adversaire ?

— C’est vrai, répondit Frédéric : j’ai succombé pour un instant. Mais le comte m’a-t-il vaincu ? n’ai-je pas