Page:Kleist - Contes, t. 3, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/193

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cle plus doux que ton beau regard tourné vers moi avec amour et bonté.

— Dieu du ciel ! s’écria le chambellan, que dois-je penser du trouble de ton âme ? Le jugement de Dieu a-t-il parlé vrai ; serais-tu coupable de ce dont le comte t’accuse !

— Coupable et damnée pour le temps et l’éternité, dit Littegarde en se frappant le sein avec violence : Dieu est vrai ; mais va, mes sens s’égarent, mes forces se brisent ; laisse-moi seule à ma douleur et à mon désespoir ! »

À ces mots, le chambellan tomba évanoui, et tandis que Littegarde couvrait sa tête d’un voile, et retournait sur sa couche, Bertha et Cunégonde coururent à leur frère pour le rappeler à la vie.

« Que tu sois maudite ! s’écria Hélèna, maudite dans ce monde et dans l’autre, non pas pour la faute que tu as