Page:Kleist - Contes, t. 3, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
190
LE JUGEMENT DE DIEU.

commise, mais pour l’inhumanité avec laquelle tu as entraîné à sa perte mon fils innocent ! Malheureuse que je suis, continua-t-elle, pourquoi n’ai-je su pas plus tôt le récit du prieur des Augustins, qui m’a dit quelques jours après le combat, que le comte s’était confessé à lui, et lui avait juré sur l’hostie la vérité de ce qu’il a déclaré devant les juges. Il lui a montré la porte du jardin par laquelle il a pénétré dans la nuit convenue jusqu’à la chambre où elle l’attendait sur des coussins magnifiques. Un serment fait dans un pareil moment ne peut contenir un mensonge. Ah ! si j’en avais eu connaissance avant le combat, j’aurais dissipé l’aveuglement de mon fils, et je l’aurais empêché de se jeter dans cet abîme. Mais, viens, ajouta-t-elle en baisant doucement Frédéric, l’expression de notre colère est encore un honneur