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LE JUGEMENT DE DIEU.

Mais ces amputations, loin de guérir le mal, ne firent que l’augmenter encore ; les médecins déclarèrent enfin qu’il n’y avait plus d’espoir, et que le comte mourrait avant la fin de la semaine. En vain le prieur du cloître des Augustins, qui croyait reconnaître dans tout cela la main de Dieu, le supplia-t-il de lui avouer la vérité. Le comte jura de nouveau, sur le Saint-Sacrement, de la sincérité de sa déclaration, et il voua son âme à la damnation éternelle, s’il avait accusé injustement Littegarde.

Malgré l’irrégularité de sa vie, on avait deux raisons pour ajouter foi à ses attestations. D’abord on lui connaissait une espèce de piété, qui n’aurait pu lui permettre un faux serment dans un tel moment ; et puis le gardien qui veillait à la tour du château de Bréda avait avoué que le comte