Page:Kleist - Contes, t. 3, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/32

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troublé l’esprit de ses enfans, elle demanda timidement à la sœur qui se tenait derrière sa chaise, si c’était l’oratorio qui avait été chanté le jour de la fête-dieu, six ans auparavant, dans la cathédrale. La sœur lui ayant répondu affirmativement, elle se leva très-effrayée, et se plaça devant le pupitre, agitée de divers sentimens confus. Elle examina ces signes enchantés qui semblaient être pleins d’un esprit mystérieux, et elle pensa tomber par terre lorsqu’elle y reconnut le Gloria in excelsis.

Il lui sembla que les sons formidables qui avaient frappé ses fils venaient résonner de la même manière dans toute sa tête ; et pleine d’humilité pour la volonté de Dieu, elle pressa contre ses lèvres la feuille sacrée.

L’abbesse, ayant achevé de lire la lettre, dit en joignant les mains :