Page:Kleist - Contes, t. 3, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/41

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dant l’absence du vieux Hoango, qui était allé avec ses nègres porter au général Dessalines un convoi de poudre et de plomb, et au milieu des ténèbres d’une nuit orageuse, quelqu’un frappa à la porte de la maison.

La vieille Babeka, qui était déjà au lit, se leva, et ouvrant une fenêtre, elle demanda ce qu’on lui voulait.

« Au nom de la Vierge et de tous les saints, dit doucement l’inconnu en se plaçant sous la fenêtre, êtes-vous une négresse ? » et il étendit la main pour saisir celle de la vieille.

« Vous êtes sans doute un blanc ? répondit Babeka, puisque vous craignez moins les intempéries de cette nuit affreuse que le visage d’une négresse. Soyez tranquille, il n’y a ici que moi, vieille mulâtre, et ma fille, qui est métisse. » Là-dessus elle s’éloigna de la fenêtre comme pour descendre