Page:Kleist - Contes, t. 3, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/49

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garderons toujours comme notre libératrice.

— Oui, cette fureur sanguinaire, répéta la vieille avec hypocrisie ; n’est-ce pas comme si les membres d’un même corps se livraient bataille parce qu’ils n’ont pas tous la même forme ? Est-ce ma faute si je suis née à Cuba, d’un père originaire de Sant-Iago, et si un rayon de lumière paraît sur ma figure, et que peut ma fille, qui est née en Europe, si tout son visage en porte l’empreinte ?

— Quoi ! s’écria l’étranger, vous, dont les traits sont africains, vous seriez, ainsi que la jolie métisse qui m’a introduit ici, dans la même position que nous autres Européens ?

— Par le ciel ! répondit la vieille en prenant une prise de tabac, croyez-vous que la petite propriété que nous avons gagnée à la sueur de notre front