Page:Kleist - Contes, t. 3, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/51

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seul désir est d’attirer sur nous, demi-blanches, la fureur des noirs, afin de se débarrasser de nous et de s’emparer de notre petite fortune.

— Malheureuses ! s’écria l’étranger ; combien vous êtes dignes de pitié ! et où se trouve en ce moment le brigand ?

— À l’armée du général Dessalines. Nous l’attendons dans dix ou douze jours ; s’il apprenait à son retour que nous avons donné l’hospitalité à un blanc, nous serions les enfans de la mort.

— Le ciel, qui voit avec plaisir l’humanité de ses créatures, vous protégera dans ce que vous faites pour un infortuné, bonne femme ; et puisque vous avez déjà enfreint les ordres du nègre en me recevant ici, vous voudrez bien accorder un asile pour