Page:Kleist - Contes, t. 3, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/88

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« Par quel mensonge m’as tu séduit, » s’écria le nègre en se tournant vers la vieille ; puis il s’approcha du lit, et demanda au jeune Suisse qui il était et où il allait ; mais celui-ci, tout en cherchant à se dégager de ses liens, ne répondit que par ces mots prononcés d’une voix plaintive : « Ô Toni, Toni ! »

Babekan, prenant la parole, fit au nègre tout le récit qui lui avait été fait la veille par l’étranger.

« Chère enfant, dit Hoango à Toni qui restait assise dans l’attitude du plus profond chagrin, me pardonneras-tu mon indigne soupçon ?

— Mais pourquoi avoir lié l’étranger, dit la vieille, puisqu’il ne savait rien du danger qui le menaçait ?

— Pourquoi ? s’écria Toni, pleurant véritablement de rage et de désespoir ; parce que tu n’as ni yeux, ni oreilles ; parce qu’il savait parfaitement tout