Page:Kleist - Contes, t. 3, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/91

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pleins de mépris que lui avait jetés son amant avaient pénétré comme des lames tranchantes dans le fond de son âme. Il se mêlait à son amour un sentiment profond de tristesse et d’amertume, et elle ne désirait plus que de mourir en faisant un dernier effort pour le sauver.

Après avoir attendu quelques instans cachée derrière un pin, elle entendit la voix de Nanky, et elle aperçut, à l’aide du premier rayon de l’aurore, la petite troupe qui s’avançait sous les arbres de la forêt. Elle était composée de M. Strœmli, de sa femme et de ses cinq fils, dont les aînés, Aldebert et Gottfried, n’étaient âgés que de dix-sept et dix-huit ans, de trois domestiques et de deux servantes avec un nourrisson.

Toni, s’approchant doucement, fut aussitôt reconnue de Nanky, qui la