Page:Kleist - Kotzebue - Lessing - Trois comedies allemandes.djvu/110

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Il m’a tourmentée avec cette effroyable perspective, puis il est venu à la nuit me proposer un certificat pour Ruprecht, m’expliquant comme quoi une fausse attestation de maladie pourrait le sauver de tout service militaire ; il démontrait, affirmait, et finalement se glissa dans ma chambre soi-disant pour terminer le certificat ; et là, messieurs, il me demanda des choses si honteuses qu’aucune jeune fille n’oserait les répéter…

Dame Brigitte.

Ah ! le misérable, l’éhonté menteur !

Ruprecht.

Ne pense plus au pied-bot, ma chère enfant. Vois-tu, je serais tout juste aussi jaloux si un cheval avait cassé la cruche dans ta chambre.

(Ils s’embrassent).
Veit.

C’est aussi ce que je dis : embrassez-vous, réconciliez-vous, aimez-vous. Et si vous voulez, à la Pentecôte on fera la noce.

Lumière, à la fenêtre

Voyez donc comme le juge Adam, montant et descendant les côtes, galope à travers les champs labourés, comme s’il fuyait la roue et la potence.

Walter.

Qui ? le juge Adam ?

Lumière.

Lui-même. Maintenant le voilà sur la route. Voyez voyez ! et la perruque qui lui pend dans le dos !

Walter.

Vite monsieur le greffier, courez après lui et ramenez-le, qu’il n’empire pas le mal en voulant se sauver. Assurément il est suspendu de ses fonctions, et je vous charge de le remplacer en attendant une décision ultérieure.