Page:Kleist - Kotzebue - Lessing - Trois comedies allemandes.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ève.

Sauvez Ruprecht de la conscription ! Car cette levée, le juge Adam me l’a confié en secret, doit partir pour les Indes, et de là, vous savez, il ne revient pas un homme sur trois.

Walter.

Aux Indes ? As-tu ta raison ?

Ève.

Pour Bantam, monsieur le conseiller. Ne le niez pas. Voici la lettre, l’instruction secrète qui concerne la milice campagnarde et que le gouvernement a envoyée tout récemment. Vous voyez, je suis au courant de tout.

Walter, lisant la lettre.

Voilà bien l’imposture la plus inouïe. Cette lettre est fausse.

Ève.

Fausse !

Walter.

Sur ma vie ! Monsieur le greffier, dites vous-même si c’est là l’instruction qui vous a été envoyée dernièrement d’Utrecht.

Lumière.

L’instruction ? Quoi ! Le bandit ! C’est lui-même qui a libellé ce papier. Les troupes que l’on enrôle sont destinées au service intérieur du pays. Nul ne pense à les envoyer aux Indes.

Ève.

Quoi, absolument pas, messieurs ?

Walter.

Sur mon honneur ! Et comme preuve de ce que j’avance, je rachèterais Ruprecht s’il en était comme tu dis.

Ève, se relevant.

Ah ! juste ciel ! Comme ce vilain homme m’a trompée !