Page:Kleist - Kotzebue - Lessing - Trois comedies allemandes.djvu/14

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Lumière.

Hé ! je le vois si bellement poché qu’on dirait, Dieu me damne ! que le coup vous fut asséné par un maître-valet en fureur.

Adam.

C’est l’arcade sourcilière. Dire que je n’avais même rien senti de tout cela.

Lumière.

Oui ; c’est ainsi dans le feu de la lutte.

Adam.

De la lutte ! quoi ? Ah ! si vous voulez, avec cette damnée chèvre[1], là, près du poêle. Oui, je m’en souviens à présent… Lorsque j’ai perdu l’équilibre, et que comme un noyé j’ai étendu les bras pour me cramponner à quelque chose, j’ai saisi la culotte que hier au soir j’avais mis sécher à la galerie du poêle ; je saisis donc la culotte (vous me suivez bien ?) pensant — fou que j’étais ! — m’y retenir, mais voilà la boucle qui craque, et du coup la culotte et moi nous tombons, et la tête en avant je me jette en plein contre le poêle, juste à cet angle, là-bas, ou cette maudite chèvre avance le nez.

Lumière, riant.

Bon, bon !

Adam.

Ah ! malédiction !

Lumière.

La chute d’Adam, vous la faites, vous, en sortant d’un lit.

Adam.

Sur mon âme ! Pourtant, je voulais vous demander… qu’y a-t-il de nouveau ?

  1. Chèvre, sorte de double X sur lequel on place généralement les morceaux de bois pour les scier. La chèvre sert, ici, à empiler les bûches ou les fagots, et tient lieu de caisse à bois.