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Page:Kleist - Kotzebue - Lessing - Trois comedies allemandes.djvu/50

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Quoi ? Qu’est-il arrivé à la cruche pendant l’incendie de l’année soixante-six ? Le saurons-nous ? Eh bien, qu’est-il arrivé à la cruche ?

Dame Marthe.

Ce qu’il lui est arrivé ? Mais rien, s’il vous plaît, messieurs, il ne lui est justement rien arrivé du tout en l’année soixante-six. La cruche est restée entière au milieu des flammes, et le lendemain matin, je l’ai retirée des cendres de la maison, brillante et vernissée comme si elle sortait du four du potier.

Walter.

Fort bien. Maintenant nous connaissons la cruche ; nous savons tout ce qui lui est arrivé et ne lui est pas arrivé. Qu’avez-vous encore à dire à présent ?

Dame Marthe.

Eh bien ! voyez-vous cette cruche, maintenant, cette cruche qui, fracassée, vaut encore n’importe quelle autre cruche, cette cruche qui n’était pas indigne de la bouche d’une noble demoiselle, des lèvres mêmes de la princesse héritière, cette cruche, mes deux puissants juges… c’est ce gredin-là qui me l’a cassée.

Adam.

Qui ?

Dame Marthe.

Lui, Ruprecht !

Ruprecht.

C’est un mensonge, monsieur le juge.

Adam.

Vous, taisez-vous jusqu’à ce qu’on vous interroge. Votre tour viendra encore aujourd’hui. (À Lumière). Avez-vous consigné au procès-verbal ?

Lumière.

Oh oui !