Page:Kleist - Kotzebue - Lessing - Trois comedies allemandes.djvu/49

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Dame Marthe.

Ensuite la cruche tomba entre les mains de Zachée, tailleur à Tirlemont, qui de sa propre bouche raconta à feu mon mari ce que je veux maintenant vous exposer. Lorsque les Français pillèrent la ville, Zachée jeta cette cruche avec tout le mobilier par la fenêtre, sauta lui-même, et se cassa le cou, le maladroit, tandis que cette cruche de terre, cette cruche d’argile tomba sur pied et demeura entière.

Adam.

Au fait, je vous prie, dame Marthe Rull, au fait !

Dame Marthe.

Ensuite, au moment du grand incendie de soixante-six, mon mari (Dieu ait son âme) la possédait déjà…

Adam.

Par tous les diables, femme, n’avez-vous pas encore fini ?

Dame Marthe.

Si je ne dois pas parler, monsieur le juge, je n’ai rien à faire ici ; je n’ai qu’à m’en aller et à chercher ailleurs une justice où l’on m’écoute.

Walter.

Vous pouvez parler, dame Marthe ; toutefois laissez les choses étrangères à votre plainte. Si vous nous dites que cette cruche vous était précieuse, nous en savons assez pour juger.

Dame Marthe.

Ce qui est nécessaire pour juger, je n’en sais rien et ne cherche pas à le savoir. Mais ce que je sais, c’est que pour ma plainte, il faut que je puisse dire ce que j’ai à dire.

Walter.

Bon, bon ! Finissons-en. Qu’est-il arrivé à la cruche ?