Page:Kleist - Kotzebue - Lessing - Trois comedies allemandes.djvu/53

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profondément, mais il faut que je déclare publiquement que je n’ai rien juré, rien, rien, rien juré.

Adam.

Soyez donc raisonnables, mes enfants.

Lumière.

C’est vraiment étrange…

Dame Marthe.

Comment, tu ne m’as pas juré, tu n’as pas invoqué le nom de Marie et de Joseph ?

Eve.

Non, sous la foi du serment ! Non ! Voyez, je jure à présent et je prends Marie et Joseph à témoin.

Adam.

Eh ! mes bonnes gens, eh ! dame Marthe, que faites-vous aussi ? Vous intimidez trop la pauvre petite ? Quand la fillette aura réfléchi, elle se rappellera tranquillement ce qui s’est passé. — Je dis : ce qui s’est passé — et ce qui se peut encore se passer si elle ne parle pas comme il faudrait : elle nous dira alors aujourd’hui la même chose qu’hier, qu’elle puisse le confirmer par serment ou non. Laissez Marie et Joseph hors de cause.

Walter.

Mais non, monsieur le juge, mais non ! comment pouvez-vous donner aux parties des conseils aussi équivoques !

Dame Marthe.

Si elle ose me dire en face, l’éhontée, l’impudente créature, que c’est un autre que Ruprecht, qu’elle aille se faire… je ne veux pas dire quoi. Mais moi, je vous assure, monsieur le juge, et si je ne puis pas affirmer qu’elle l’a juré, je puis jurer qu’elle l’a affirmé, et j’invoque Marie et Joseph.