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Page:Kleist - Kotzebue - Lessing - Trois comedies allemandes.djvu/58

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La porte du jardin sera fermée chez dame Marthe, car la petite ne la laisse ouverte que jusqu’à dix heures : si je ne suis pas là à dix heures, c’est que je ne viens pas.

Adam.

La belle conduite !

Walter.

Après ?

Ruprecht.

Après ? Tandis que je m’approchais de la maison de dame Marthe par l’allée de tilleuls où les arbres forment une voûte si épaisse qu’il y fait sombre comme dans la cathédrale d’Utrecht, j’entends de loin grincer la porte du jardin. Eh ! me dis-je, Ève est encore là ! Et j’envoie joyeusement mes regards du côté dont mes oreilles m’apportaient des nouvelles. Et comme ils me revenaient sans avoir rien vu : aveugles, pensai-je, retournez sur-le-champ ! — Mais quoi, n’étaient-ils pas de vils calomniateurs, d’infâmes délateurs, ils me montraient… Je regardai encore une fois. Mais non, mes yeux ne m’avaient pas trompé : c’était bien Ève, je la reconnaissais à son corsage, et un autre homme était là avec elle !

Adam.

Bah ! un autre homme ! Et qui donc, monsieur le beau parleur ?

Ruprecht.

Qui ? Sur mon âme, vous me demandez là…

Adam.

Alors ! Qui n’est pas pris, n’est pas pendu, je pense.

Walter.

Continuez, avancez dans la déposition. Laissez-le donc, pourquoi l’interrompez-vous, monsieur le juge ?

Ruprecht.

Je ne pourrais pas en jurer sur l’hostie ; par une nuit