Page:Kleist - Kotzebue - Lessing - Trois comedies allemandes.djvu/76

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paysans prennent la fuite. À supposer qu’il ait dit hier : « Qu’en penses-tu, Ève ? Viens ! Le monde est grand. N’as-tu pas la clé des armoires et des coffres », et qu’elle se soit un peu défendue, — qui sait par hasard, puisque je les ai dérangés, si tout ceci n’arrive pas parce qu’il agit par vengeance, et elle encore par amour.

Ruprecht.

La carogne ! Quels discours. Les armoires, les coffres !

Walter.

Silence.

Ève.

Lui, déserter !

Walter.

À l’affaire ! Il est question de la cruche ici. La preuve, la preuve que c’est Ruprecht qui l’a cassée.

Dame Marthe.

Bien, monsieur. Je veux d’abord prouver ici que Ruprecht m’a cassé la cruche, et puis je passerai la maison en revue. Voyez, je produirai, pour chaque mot qu’il a dit, une bouche qui témoignera en ma faveur, et je l’aurais déjà amenée si je m’étais seulement doutée que celle-là (Désignant Ève) ne voudrait pas se servir de sa langue pour moi. Pourtant, si vous voulez appeler dame Brigitte qui est la tante de Ruprecht, cela me suffira, car elle pourra justement établir le point principal. Elle a vu, à dix heures et demie, avant que la cruche fût cassée, remarquez bien, Ruprecht dans le jardin en conversation avec Ève. Et comme la fable qu’il nous avait sortie se trouve démolie de la tête aux pieds par ce seul témoignage, je vous laisse à juger du reste.

Ruprecht.

Qui m’a vu ?