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CARNET DE ROUTE


coup de feu, à quelques mètres de ma table, on trouve le cadavre d’un noir, soldat à la compagnie de conducteurs. Renvoyé à Kayes dans la journée, pour s’être endormi en faction la veille au soir, cet homme était revenu à la nuit et, se dissimulant derrière la case en paille du maréchal-des-logis, il lui avait tiré presque à bout portant, la balle qui venait de le tuer raide, il s’était ensuite sauvé à quelques mètres, et s’était tiré à lui-même, le second coup de feu qui l’avait envoyé au Paradis de Mahomet. Cette affaire-là est fâcheuse à tous les points de vue. Mes trois blancs me restent fort impressionnés. La vie déprimante de la colonie et, par surcroît, la mort de leur chef, c’en est trop pour leur jeunesse.

Un courrier est arrivé. Le second depuis mon départ de France. Mes lettres, que je lis et relis, sont pour moi d’un confort immense. Je n’en ai pas d’autre dans la solitude morale où je suis plongé. Ces bons petits papiers m’enlèvent à mon