Page:Kostomarov - Deux nationalités russes.djvu/28

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dispersées dans différentes parties de la Russie et on donnait à de vieux serviteurs les terres de ceux qui avaient été expropriés.

Moscou s’est élevé grâce au mélange des populations russes-slaves et à l’époque de sa croissance c’est encore par ce mélange de nationalités qu’elle a supporté sa cause. Probablement c’est aussi par un mélange pareil que Vladimir a dû une fois sa fondation et sa tendance particulière, mais faute de documents historiques sur Vladimir, nous nous bornons à supposer ce qu’on peut affirmer historiquement à propos de Moscou. Ces deux villes avaient la même tendance. Que Moscou ou l’autre ville ait pris le dessus peu, importe, le résultat des deux côtés est dû au même principe. De même qu’autrefois Vladimir s’efforçait de subjuguer les pays de Mourom et de Riasan et de dominer les autres pays russes ; de la même façon Moscou subjugue pays et principautés, mais non seulement elle les subjugue, elle les absorbe. Vladimir n’avait pu faire ce que Moscou a réussi à faire ; de son temps étaient encore vivaces les principes du Vetché et les principes fédératifs ; à présent, sous l’influence de la conquête et du développement dans l’esprit populaire de principes qui détruisaient leurs anciens principes adverses, les premiers étaient étouffés par la crainte de l’autorité, les autres affaiblis ensuite.

Les princes devenaient de moins en moins sujets à l’élection et cessaient par conséquent de passer d’un endroit à un autre. Ils se fortifiaient dans certains lieux et commençaient à se regarder comme des propriétaires et non comme des gouverneurs, ils s’attachèrent, pour ainsi dire, à la terre et par cela même contribuèrent à attacher le peuple à la glèbe. Moscou en les subjuguant, en les asservissant, faisait naître l’idée d’une patrie commune, mais sous une autre forme, non sous la forme fédérative ancienne mais sous la forme d’état unitaire. C’est ainsi que fut constituée la monarchie moscovite et avec elle le corps de l’État russe. Son élément civil est la collectivité, l’absorption de la personnalité ou de l’individualisme tandis que dans l’élément ukranien au sud comme à Novgorod, le développement de l’individualisme attaquait le principe de la collectivité et ne lui permettait pas de se former.

Avec l’église le monde grand russien fit le contraire de ce qui s’était passé en Ukraine. En Ukraine, quoiqu’elle eût une puissance morale, elle ne put pas réussir à faire croire que le succès sanctifiait les actions ; à l’est elle devait nécessairement, dans la personne de