Page:Kotzebue - Supplement au theatre choisi.djvu/108

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D’ailleurs, le bien qu’on fait appaise la faim et la soif. Tenez… (Il s’approche de Wilhelmine, et lui présente l’argent qu’il avait déjà dans sa main, pour en payer le vin qu’il allait boire.)

Wilhelmine

Frédéric !

Frédéric, est d’abord surpris ; il la regarde fixement, jette au loin l’argent, son havresac, chapeau, tout ce qui l’embarrasse, et se précipite dans ses bras en criant :

Ma mère !

(Tous les deux restent quelques momens sans parler. Enfin Frédéric se remet le premier et s’écrie :)

Ma mère ! au nom de Dieu ! Est-ce ainsi que je vous retrouve ?… Ma mère !… parlez !…

Wilhelmine, en tremblant.

Je ne puis parler… Mon cher fils… mon cher Frédéric… La joie !… la joie !…

Frédéric

Remettez-vous, ma chère, ma bonne mère !… (il pose sa tête contre son cœur) Remettez-vous… Comme vous tremblez ! … Vous tombez en défaillance !…

Wilhelmine.

Je suis si faible !… la tête me tourne… Je n’ai rien mangé hier de toute la journée.

Frédéric, hors de lui, se levant avec précipitation, et se cachant le visage de ses deux mains.

Oh ! mon Dieu ! (il court vers son havresac, l’ouvre et en tire un morceau de pain) Voici du pain !