Page:Kotzebue - Supplement au theatre choisi.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le Baron.

Lorsque l’hiver dernier tu le vis deux ou trois fois au bal ; qu’il vint te prendre pour danser un menuet… Lorsqu’après avoir dansé il t’offrit de si bonne grâce quelques rafraîchissemens… qu’il répandit sur ton mouchoir de poche un flacon tout entier d’eau de senteur… qu’il te dit… tant et tant de jolies choses… que pensais-tu alors ?

Amélie.

Ce que je pensais… Attendez, je ne m’en souviens plus… mais si vous le voulez, je vais tâcher de me le rappeler.

Le Baron.

Il n’est pas nécessaire… c’est ton cœur que j’interroge et non pas ta mémoire… S’il n’a rien dit alors dont tu puisses te souvenir aujourd’hui, j’ai lieu de croire que ton cœur n’a pas encore parlé. Je te dirai cependant, mon enfant, que la recherche du jeune comte est de nature à entrer en considération… Son père est mon meilleur ami… il désire ardemment une union entre nos deux maisons, qui resserrât de plus en plus les nœuds de notre ancienne amitié… Il est riche… possède un grand nom… c’est quelque chose que tout cela.

Amélie.

C’est bien peu… ce n’est rien, à ce que m’a dit souvent M. Erman… et vous savez, mon père, qu’il parle toujours bien… Les richesses et la noblesse sont des dons du hasard.