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vitable. Le récit grec, ou arabe, ou égyptien, pouvait séduire un Gautier résolument païen. Mais à des hommes comme Flaubert ou Kouprine, touchés dans leur âme par l’hérédité d’orthodoxie ou de christianisme catholique, la terre palestinienne devait apparaître ce qu’elle est : le lieu de parfaite fusion des éléments spirituels orientaux et occidentaux, un centre symbolique et magnétique incomparable, infiniment riche en prestiges et en méditations.

Il a suffi à Flaubert des laconiques et incolores récits des rédacteurs de la Bible pour faire Herodias. M. Kouprine a tiré du Cantique des Cantiques, avec une entière liberté, mais aussi avec respect et tact, un roman délicieux. Il a extériorisé en une série de scènes, de dialogues et d’actions supposées la pensée qui dicta au roi Salomon cet incomparable poème. Il en a imaginé la préface réelle et vécue sous la forme d’une aventure d’amour. Si j’étais exégète, archéologue ou hébraïsant, je ne manquerais pas d’établir une assez redoutable liste d’infractions commises par M. Kouprine, mais je m’en réjouis car toutes ont contribué à la beauté de forme et à la finesse de sentiment dans sa paraphrase d’artiste, et il a atteint son but en nous donnant du roi Salomon, de sa sagesse, de sa beauté, de sa gloire, une idée vraiment majestueuse