Page:Kouprine - Sulamite.djvu/181

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SULAMITE 163 formes si belles. Jamais de son vivant ce blanc visage n’avait été aussi adorable. Un sourire énigmatique et radieux jouait sur ces lèvres entr'ouvertes que Salomon baisait encore une heure auparavant, et qui laissaient apercevoir le vif éclat des dents encore humides. Longtemps, le roi resta en contemplation devant le corps bien—·aimé. Puis, effleurant doucement de ses doigts ce front qu`aband0n- nait déjà la chaleur vitale, il quitta la pièce à pas lents. Le Grand—Prêtre Asaria, fils de Sadokia, l’attendait derrière la porte. S’approchant du roi, il lui demanda Z —— Qu’allons—nous faire du corps de cette femme? C'est auj0urd’hui jour de sabbat. Et le roi revit en son esprit le jour, déjà lointain, ou la dépouille de son père, mort depuis peu, gisait sur le sable et rapidement tombait en décomposition. Déjà autour de lui, attirés par l’odeur, des chiens erraient, les yeux brûlants de faim et de convoitise. Et, tout comme aujourd’hui, le Grand—Prêtre, père d'Asaria, antique vieillard, lui avait demandé: