Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/125

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tions voluptueuses, de sorte que le malade les a tout à fait abandonnées. Il essaya alors de s’abstenir de la masturbation, mais il n’y réussit pas, bien qu’il fît souvent le coït et qu’il y éprouvât plus de plaisir que dans la masturbation. Il voudrait se débarrasser de l’onanisme, qu’il considère comme une chose indigne. Il n’en éprouve pas d’effets nuisibles. Il fait le coït une fois par mois, mais il se masturbe chaque nuit une ou deux fois. Il est maintenant normal au point de vue sexuel, sauf l’habitude de la masturbation. On ne trouve chez lui aucune trace de neurasthénie. Ses parties génitales sont normales.


OBSERVATION 39. – L. P…, quinze ans, de famille de haut rang, est né d’une mère hystérique. Le frère et le père de Mme P… sont morts dans une maison de santé.

Deux frères du jeune P… sont morts, pendant leur enfance, de convulsions. P… a du talent, il est sage, calme, mais, par moments, coléreux, entêté et violent. Il souffre d’épilepsie et se livre à la masturbation. Un jour, on découvrit que P…, en donnant de l’argent à un camarade pauvre, nommé B… et âgé de quatorze ans, avait décidé ce dernier à se laisser pincer aux bras, aux cuisses et aux fesses. Quand B… se mit à pleurer, P… s’excita, frappa de la main droite sur B…, tandis qu’avec la gauche il farfouillait dans la poche gauche de son pantalon.

P… avoua que le mauvais traitement qu’il avait infligé à son ami, qu’il aimait d’ailleurs beaucoup, lui avait causé un plaisir particulier. Comme, pendant qu’il battait son ami, il se masturbait, l’éjaculation qui en fut la suite, disait-il, lui procura plus de plaisir que celle de la masturbation solitaire. (V. Gyurkovechky, Pathologie und Therapie der männlichen Impotenz, 1889, p. 80.)


Dans tous ces mauvais traitements d’origine sadique exercés sur des garçons, on ne peut pas admettre une combinaison du sadisme avec l’inversion sexuelle, comme cela arrive quelquefois aux personnes atteintes d’inversion sexuelle.

Il n’y a aucun signe positif en faveur de cette hypothèse ; d’ailleurs, l’absence d’inversion sexuelle ressort aussi de l’examen du groupe suivant où, à côté de l’objet des mauvais traitements, l’animal, le sens de l’instinct pour la femme se fait souvent assez bien sentir.