Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/128

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et les entrailles. Quand il tombait sur une puella[ws 1] qui se laissait décider à ces actes et qui se signalait par une cruauté extraordinaire, il était enchanté, payait et s’en allait, sans lui demander autre chose, sans même la toucher.


Il ressort des deux derniers chapitres que les souffrances de tout être sensible peuvent devenir, pour des natures disposées au sadisme, la source d’une jouissance sexuelle perverse. Il y a donc un sadisme qui a pour objet des êtres quelconques.

Mais il serait erroné et exagéré de vouloir expliquer tous les cas de cruauté étrange et extraordinaire par la perversion sadique, et, comme cela se fait quelquefois, de donner le sadisme comme mobile à toutes les atrocités historiques, ou à certains phénomènes de la psychologie des masses contemporaines.

La cruauté naît de sources différentes, et elle est naturelle chez l’homme primitif.

La pitié est un phénomène secondaire, c’est un sentiment acquis assez tard. L’instinct de combativité et de destruction qui, dans l’état préhistorique, était une arme si précieuse, continue toujours à produire son effet, prenant une nouvelle incarnation dans notre société civilisée contre le criminel, pendant que son objectif primitif, « l’ennemi », existe toujours.

Qu’on ne se contente pas de la mort simple, mais qu’on exige aussi la torture du vaincu, cela s’explique en partie par le sentiment de puissance qui veut être satisfait par ce moyen et, d’autre part, par l’immensité de l’instinct de revanche. De cette façon, on peut expliquer toutes les atrocités des monstres historiques sans avoir recours au sadisme, qui a pu parfois entrer en jeu, mais qui, étant une perversion relativement rare, ne doit pas être toujours considéré comme mobile unique.

Il faut, en outre, tenir compte d’un élément psychique qui explique le grand attrait que les exécutions publiques ont

  1. prostituée