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Ce cas est remarquable par l’exposé complet des faits psychiques qui constituent le masochisme.

Le cas qu’on va lire plus loin, l’est aussi par l’extravagance particulière des actes émanant de la perversion. Ce cas est particulièrement de nature à montrer nettement les rapports qui existent entre la soumission à la femme, l’humiliation par la femme et l’étrange effet sexuel qui en résulte.


OBSERVATION 50 (Masochisme). – M. Z…, fonctionnaire, cinquante ans, grand, musculeux, bien portant, prétend être né de parents sains ; cependant, à sa naissance, le père avait trente ans de plus que la mère. Une sœur de deux ans plus âgée que Z…, est atteinte de la monomanie de la persécution.

L’extérieur de Z… n’offre rien d’étrange. Le squelette est tout à fait viril, la barbe est forte, mais le torse n’a pas de poil du tout. Il dit lui-même qu’il est un homme sentimental qui ne peut rien refuser à personne ; toutefois il est emporté, brusque, mais il se repent aussitôt de ses mouvements de colère. Z… prétend n’avoir jamais pratiqué l’onanisme. Dès sa jeunesse, il avait des pollutions nocturnes dans lesquelles l’acte sexuel n’a jamais joué un rôle, mais toujours la femme seule. Il rêvait, par exemple, qu’une femme qui lui était sympathique, s’appuyait fortement contre lui ou, qu’étant couché sur l’herbe, la femme par plaisanterie montait sur son dos. De tout temps, Z… eut horreur du coït avec une femme. Cet acte lui paraissait bestial. Malgré cela, il se sentait attiré vers la femme. Il ne se sentait à son aise et à sa place que dans la compagnie de belles filles et de belles femmes. Il était très galant sans être importun.

Une femme plantureuse, avec de belles formes et surtout un beau pied, pouvait, quand il la voyait assise, le mettre dans la plus grande excitation. Il sentait alors le désir violent de s’offrir pour lui servir de siège et pouvoir « supporter tant de splendeur ». Un coup de pied, un soufflet, venus d’elle, lui auraient été le plus grand bonheur. L’idée de faire le coït avec elle lui faisait horreur. Il éprouvait le besoin de se mettre au service de la femme. Il lui semblait que les femmes aiment à monter à cheval. Il délirait à l’idée délicieuse de se fatiguer sous le poids d’une belle femme pour lui procurer du plaisir. Il se dépeignait une pareille situation dans tous les sens ; il voyait dans son imagination le beau pied muni d’éperons, les superbes mollets, les