Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/16

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qu’un caractère monogame et doit se baser sur un traité durable. La nature peut se borner à exiger la perpétuité de la race ; mais une communauté, soit famille, soit État, ne peut exister sans garanties pour la prospérité physique, morale et intellectuelle des enfants procréés. En faisant de la femme l’égale de l’homme, en instituant le mariage monogame et en le consolidant par des liens juridiques, religieux et moraux, les peuples chrétiens ont acquis une supériorité matérielle et intellectuelle sur les peuples polygames et particulièrement sur les partisans de l’Islam.

Bien que Mahomet ait eu l’intention de donner à la femme comme épouse et membre de la société, une position plus élevée que celle d’esclave et d’instrument de plaisir, elle est restée, dans le monde de l’Islam, bien au-dessous de l’homme, qui seul peut demander le divorce et qui l’obtient facilement.

En tout cas, l’Islam a exclu la femme de toute participation aux affaires publiques et, par là, il a empêché son développement intellectuel et moral. Aussi, la femme musulmane est restée un instrument pour satisfaire les sens et perpétuer la race, tandis que les vertus de la femme chrétienne, comme maîtresse de maison, éducatrice des enfants et compagne de l’homme, ont pu se développer dans toute leur splendeur. L’Islam, avec sa polygamie et sa vie de sérail, forme un contraste frappant en face de la monogamie et de la vie de

    Dieu et non la femme ; voilà pourquoi la femme doit servir l’homme et être sa domestique. »
    Le Concile provincial de Mâcon, réuni au VIe siècle, discutait sérieusement la question de savoir si la femme a une âme.
    Ces opinions de l’Église ont produit leur effet sur les peuples qui ont embrassé le christianisme. À la suite de leur conversion au christianisme, les Germains ont réduit la taxe de guerre des femmes, évaluation naïve de la valeur de la femme. (J. Falke, Die ritterliche Gesellschaft. Berlin, 1863, p. 49. – Ueber die schützung beider Geschlechter bei den Juden s. Mosis, 27, 3-4.)
    La polygamie, reconnue légitime par l’Ancien Testament (Deutéronome, 21-15), n’est pas interdite par le Nouveau. En effet, des souverains chrétiens (des rois mérovingiens, comme Chlotaire ier, Charibert ier, Pépin ier et beaucoup de Francs nobles) ont été polygames. À cette époque, l’Église n’y trouvait rien à redire. (Weinhold, Die deutchen Frauen im mittelalter, II, p. 15. Voy. aussi : Unger : Die Ehe, et l’ouvrage de Louis Bridel : La Femme et le Droit, Paris, 1884.)