Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/274

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Déjà nous trouvons, chez Hérodote, la description d’une maladie étrange dont les Scythes furent atteints. La maladie consistait en ce que des hommes, efféminés de caractère, mettaient des vêtements de femmes, faisaient des travaux de femmes et donnaient à leur extérieur physique un cachet tout à fait féminin.

Hérodote donne pour cause à cette folie des Scythes, la légende mythologique d’après laquelle la déesse Vénus, irritée du pillage de son temple d’Ascalon par les Scythes, aurait transformé en femmes les sacrilèges et leurs descendants[1].

Hippocrate ne croit pas aux maladies surnaturelles ; il reconnaît que l’impuissance sexuelle joue dans ce cas un rôle intermédiaire, mais il l’explique par l’habitude qu’ont les Scythes qui, pour se guérir des nombreuses maladies contractées dans leurs chevauchées continuelles, se font faire une saignée autour des oreilles. Il croit que ces veines sont très importantes pour la conservation de la force génitale et qu’en les tranchant on amène l’impuissance. Comme les Scythes considéraient leur impuissance comme une punition du ciel et par conséquent inguérissable, ils se mettaient des vêtements de femmes, et vivaient comme femmes au milieu des femmes.

Il est bien remarquable que, d’après Klaproth (Reise in den Kaukasus, Berlin, 1812, V, p. 235) et Chotomski, même dans notre siècle, l’impuissance soit encore souvent chez les Tartares la conséquence de chevauchées sur des chevaux non sellés. On a observé le même fait chez les Apaches et Navajos du continent américain, qui ne vont presque jamais à pied, font des excès de cheval, et sont remarquables par leurs parties génitales minuscules, leur libido et leur puis-

  1. Comparez Sprengel, Apologie des Hippokrates Leipzig, 1793, p. 611 ; Friedreich, Literärgeschichte der psych. Krankheiten, 1830, I, p. 31 ; Lallemand, Des pertes séminales, Paris, 1836, I, p. 58 ; Nysten, Dictionn. de Médecine, 11e édit., Paris, 1858 ; (art. Éviration et Maladie des Scythes) ; Marandon, De la maladie des Scythes (Annal, médico-psychol., 1877, mars, p. 161) ; Hammond, American Journal of Neurology and Psychiatry, 1882, August.