dait des voix qui l’encourageaient à s’approcher d’elles ; il demandait impérieusement le consentement au mariage et prétendait que, si on ne lui procurait pas une femme, il mourrait de consomption. Grâce à sa pratique continuelle de la masturbation, les signes d’une prochaine éviration se montrent déjà en 1869. Il disait que si on lui donnait une femme, il ne l’aimerait que « platoniquement ». Le malade devient de plus en plus bizarre, il ne vit que dans une sphère d’idées érotiques, voit partout faire dans l’asile de la prostitution, entend par-ci par-là des voix qui l’accusent d’avoir une attitude indécente vis-à-vis des femmes. Il évite donc la société des dames, et ne consent à faire de la musique devant les dames qu’à la condition d’avoir deux hommes comme témoins.
Au cours de l’année 1872, l’état neurasthénique prend un développement considérable. Alors la paranoia persecutoria aussi reparaît de plus en plus au premier plan et avec une couleur clinique particulière due à l’état nerveux fondamental. Des hallucinations olfactives se produisent ; il est influencé par l’action du magnétisme. Il dit que des « ondulations magnétiques agissent sur lui ». (Fausse interprétation de malaises spinaux asthéniques.) Sous le coup d’une excitation violente et continuelle et d’excès de masturbation, le processus de l’éviration progresse de plus en plus. Il n’est plus qu’épisodiquement homme, il est consumé du désir d’être femme, et se plaint amèrement que la prostitution éhontée des hommes, dans cette maison, rende impossible la venue d’une femme vers lui ; l’air empoisonné de magnétisme, l’amour non satisfait l’ont rendu mortellement malade ; il ne peut pas vivre sans amour ; il est empoisonné par un poison de lubricité qui agit sur l’instinct génital. La dame qu’il aime est ici, au milieu de la plus basse débauche. Les prostituées, dans cette maison, ont des « chaînes de félicité », c’est-à-dire des chaînes dans lesquelles on est enchaîné sans pouvoir bouger et dans lesquelles on éprouve de la volupté. Il est prêt, maintenant, à se contenter d’une prostituée. Il possède un admirable rayonnement des pensées par les yeux qui vaut 20 millions. Ses compositions valent 500 000 francs. À côté de ces symptômes de monomanie des grandeurs, il y a des symptômes de monomanie de la persécution ; la nourriture est empoisonnée par des excréments vénériens ; il sent le poison, il entend des accusations infâmes, et il demande une machine à boucher les oreilles.
À partir du mois d’août 1872, les signes de l’éviration devien-