Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/334

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qui m’avait excité sexuellement, l’influence sexuelle disparaît.

J’ai passé mes examens brillamment. Pendant la dernière année, avant mes examens, j’ai commencé à pratiquer l’onanisme, c’est-à-dire à l’âge de vingt-trois ans, ne pouvant satisfaire autrement mon instinct génital qui devenait très gênant. Mais je ne me livrai à la masturbation que rarement, car, après l’acte, j’étais rempli de dégoût et je passais une nuit blanche. Quand j’ai beaucoup bu, je perds toute mon énergie. Alors je cours des heures entières à la recherche des hommes et finis par en arriver à la masturbation pour me réveiller le lendemain la tête lourde, avec le dégoût de moi-même, et pour rester en proie à une profonde mélancolie les jours suivants. Tant que j’ai de l’empire sur moi, je cherche à combattre mon naturel avec toute l’énergie dont je dispose. C’est horrible de ne pouvoir entrer en relations tranquilles avec aucun de ses amis, et de tressaillir à la vue de tout soldat ou de tout garçon boucher. C’est horrible, quand la nuit vient et que je guette à ma fenêtre si au mur d’en face, il n’y a pas quelqu’un qui pisse et me fournisse l’occasion de voir ses parties génitales. Ils sont horribles ces rêves, et surtout la conviction de l’immoralité, du caractère criminel de mes désirs et de mes sentiments. J’ai de moi-même un dégoût qu’on ne peut guère décrire. Je considère mon état comme morbide. Je ne peux pas le prendre pour congénital, je crois plutôt que ce penchant m’a été inculqué à la suite d’une éducation manquée. Ma maladie me rend égoïste et dur pour les autres ; elle étouffe chez moi toute bonhomie et tout égard pour ma famille. Je suis capricieux, souvent excité jusqu’à la folie, souvent triste ; de sorte que je ne sais pas comment me sortir d’embarras ; alors j’ai les pleurs faciles. Et pourtant j’ai un dégoût pour les rapports sexuels avec les hommes. Un soir que je revenais du cabaret, ivre et excité, et que j’avais perdu à demi conscience, l’âme pleine de libido, je me promenai dans un square public ; je rencontrai un jeune homme qui me décida à faire un acte de masturbation mutuelle. Bien qu’il m’excitât, je fus après l’acte tout à fait hors de moi. Aujourd’hui même, quand je passe devant ce square, je suis pris de dégoût ; récemment encore, comme j’y passais à cheval, je tombai sans aucune raison de ma monture docile, tellement le souvenir de cette vilenie m’avait révolté.

J’aime les enfants, la famille et la société, et je suis, grâce à ma position sociale, en état de fonder et de diriger un ménage. Je dois renoncer à tout cela, et pourtant je ne peux pas renoncer