Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/339

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Maintenant, au contraire, j’éprouve, dans la plupart des cas, une forte sensation de volupté. Je trouve un charme particulier aux lupanars de basse espèce ; car, depuis ces temps derniers, c’est l’avilissement des femmes, l’entrée obscure, la lueur blafarde des lanternes, en un mot tout l’entourage qui a pour moi un attrait particulier ; la principale raison en est, probablement, que ma sensualité est inconsciemment stimulée par le fait que ces endroits sont très fréquentés par des militaires, et que cette circonstance revêt pour ainsi dire la femme d’un certain charme.

Quand je trouve alors une femme dont la figure m’excite, je suis capable d’éprouver une très grande volupté.

En dehors des prostituées, mes désirs peuvent encore être excités surtout par des filles de paysans, des servantes, des filles du peuple et, en général, par celles qui sont habillées grossièrement et pauvrement.

Un fort coloris des joues, des lèvres épaisses, des formes robustes : voilà ce qui me plaît avant tout. Les dames et les demoiselles distinguées me sont absolument indifférentes.

Mes pollutions ont lieu, la plupart du temps, sans me procurer aucune sensation de volupté ; elles se produisent souvent quand je rêve d’hommes, très rarement ou presque jamais quand je rêve de femmes. Ainsi qu’il ressort de cette dernière circonstance, mon penchant pour les jeunes hommes subsiste toujours, malgré la pratique régulière du coït. Je peux même dire qu’il a augmenté, et cela dans une mesure considérable. Quand, immédiatement après le coït, les filles n’ont plus de charme pour moi, le baiser d’une femme sympathique pourrait, au contraire, me mettre tout de suite en érection ; c’est précisément dans les premiers jours qui suivent le coït que les jeunes hommes me paraissent le plus désirables.

En somme, les rapports sexuels avec les femmes ne satisfont pas entièrement mon besoin sensuel. Il y a des jours où j’ai des érections fréquentes avec un désir ardent d’avoir des jeunes gens ; ensuite viennent des jours plus calmes, avec des moments d’une indifférence complète à l’égard de toute femme et un penchant latent pour les hommes.

Une trop grande accalmie sensuelle me rend pourtant triste, surtout quand ce calme suit des moments d’excitation supprimée ; ce n’est que lorsque la pensée des jeunes gens aimés me donne de nouvelles érections que je me sens de nouveau le moral relevé. Le calme fait alors brusquement place à une grande nervosité ; je